Faits, opinions, croyances, certitude et doute…

« Il parait que l’eau bout à 100 degrés », mais est-ce un fait certain ou une opinion, une croyance, une invention ?

Voyons cela ! Il est certain que l’eau bout arrivée à une certaine température, cela personne ne le conteste et tout le monde est d’accord. Mais pourquoi à 100 degrés ? N’est-il pas plus correct de dire : quand l’eau bout, on dit qu’elle est à 100 degrés !
En fait pour être puriste il faut dire que cela dépend de la pression atmosphérique, de l’altitude et d’autres choses encore.

Mais passons, le problème est ailleurs : comment se fait-il qu’elle bout justement à 100 degrés et qu’elle gèle juste à O degré ? En fait ce n’est pas une réalité en soi mais une décision de savants, Fahrenheit d’abord et ensuite Celsius (ou l’inverse). Le plus froid pour l’eau étant le moment où elle se transforme en solide a été appelé 0 degré, et le plus chaud, moment où elle se transforme encore mais cette fois en vapeur, a été appelé 100 degrés.

Jusque là, on ne verra pas de révolte, ni de bagarres de rue, pour savoir si les savants ont bien fait de nommer ainsi les températures. Parce que c’est une convention, et une fois admise, ce n’est plus un sujet de réflexion.

 

Où ça se complique c’est quant le sujet en litige, n’est pas de nature physique mais plus abstrait.  Quand mon fils dit : « Le chocolat c’est bon », est-ce un fait ou une opinion ? Quand un médecin dit : « Ce médicament est efficace » est-ce un fait établi ?

La  façon le plus simple de reconnaître les faits des opinions et croyances est d’examiner comment les gens parlent : s’ils émettent de propos différents, voire contradictoires, c’est que nous sommes au pays des croyances et des opinions. Or, il est notoire que n’importe qui peut avoir une opinion sur n’importe quoi, même sur un sujet qu’il ne connait pas du tout. Cela montre clairement que les opinions et les croyances ne sont pas fiables et qu’on ne peut construire des actions importantes à partir d’eux.

Pour sortir de ce bourbier, nous sommes obligés de descendre vers le concret et de ne plus généraliser, ne plus dire « Les Français sont d’accord », mais « Certains Français sont… et d’autres non… ». Ne plus dire : « La France a voté pour M… », mais « M a été élu par 20% des français ». Vous remarquez là encore que la deuxième version est plus proche de la réalité et en même temps plus concrète.


Or, comme un grand nombre de sondages ne tiennent aucun compte de cet effet puissant transformant complètement les affirmations, simplement en les rendant plus concrètes, ils peuvent dire facilement que « 72% des français sont prêts pour un nouveau confinement », tant qu’ils ne précisent pas qui sont ces Français.
Est-ce à dire que ceux-là même qui font faillite, ceux qui sont dans la misère après avoir travaillé dur et dépensé toutes leurs économies, sont eux aussi prêts pour une mise à mort ; ils font bien partie des Français, non ?  Ce qui ne se peut.

Donc une affirmation générale peut être vraie à condition de rester générale, vous voyez tout de suite la grande porte qui s’ouvre à toutes formes de manipulation !

La démarche scientifique est le doute. Elle n’est pas d’affirmer une opinion, elle n’est pas de dire : « Voilà comme sont les choses », mais de dire : « Selon moi, il me semble que… ». Le médecin ne devrait pas dire : « Ce médicament ne marche pas », mais : « Selon mon expérience… », car un autre dira le contraire. Quant au chocolat il existe bien des gens bizarres pour  ne pas l’aimer.

Le chocolat en soi n’est ni bon ni mauvais, le chocolat en soi n’existe pas.

Pour conclure, nous voyons  bien que partout, pour tous les sujets, personnels comme professionnels, politiques, religieux… nous pensons, vivons et décidons en fonction de nos opinions, de nos croyances, nos prévisions, nos modélisations, bref de ce qui pourrait arriver mais pas de ce qui arrive, ou si peu.

Or, il nous est impossible de vivre dans l’incertitude, nous en souffrons. Alors, on a trouvé une solution simple : remplir le vide de l’incertitude, par des opinions, des croyances,  jamais prouvées, jamais validées,  jamais unanimement acceptées.
Rien de plus dangereux que de prendre des décisions à partir de là et de gouverner les autres au nom de la science, alors qu’il n’y a aucune science là-dedans, que des idées, des imaginations, et des peurs incontrôlés.

 

Il y aurait, il y a en fait, un gros livre à écrire sur ces sujets, gravissimes de notre point de vue, et on l’appellerait : « Le monde de la pensée magique » et je verrais bien, en sous-titre : « La fin de l’humanité ».

Si ça intéresse quelqu’un… on peut s’y coller !
Pierre

Pierre RAYNAUD
Author: Pierre RAYNAUD

Ancien manager et créateur des fichiers de la Nouvelle Culture

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