Peut-on faire changer d’avis les gens ?

De nos jours où tout ou presque fait polémique, des propos de tel ou tel dirigeant, aux comportements de telle artiste, jusqu’à la moindre éructation de toute personne un peu connue, le nombre de polémiques qui naissent chaque jour sont pléthore. De plus elles sont très avantagées aussi par certains réseaux sociaux, ceux dont le style est d’appeler amis, d’illustres inconnus (ce qui montre bien leur niveau de sérieux), d’une part et de l’autre du  nombre de personnes, se baladant le téléphone  la main pour capter la moindre ‘faute’ de tout quidam pouvant créer ce qu’ils appellent un buzz.

A l’opposé de cette bêtise tellement répandue qu’elle en devient un vrai mode de vie, nous avons tenté de montrer que toute polémique est vaine. En effet, regardons ce qu’il se passe lorsqu’en fin de repas, deux amis discutent sur un sujet d’intérêt général, et qu’ils ne sont pas d’accord. Il s’installe immédiatement un jeu de ping pong.

On assiste d’abord à un combat amical du genre :

– Tu as tort
– Non c’est toi qui as tort !

Propos souvent prolongés d’une autre erreur généralement commise du genre : « Et je vais te le démontrer ». Car on ne démontre jamais rien ! (ça on y reviendra !)

Ensuite que se passe-t-il ? A force de s’opposer ainsi, on observe que chacun  se cramponne sur sa propre opinion, et que la probabilité que l’un dise à l’autre : « Oui je crois en fin de compte, que tu as raison… », devient  très vite presque nulle.
Et on observe aussi (et ça nous y reviendrons aussi dans un autre article en parlant de Contenu et de Relation) que les propos évoluent dans la nature de la cible. En effet, on passe assez vite du : « Tu as tort » à « Tu es vraiment bête », et là, nous passons du conflit d’opinions vers un conflit de personnes. On se tape dessus, jusqu’au moment où la bagarre s’arrête dans une forme d’épuisement, chacun ayant presque oublié comment ils en sont arrivés là, alors qu’ils étaient de bons amis.

C’est aussi ce qu’il se passe lorsqu’un vendeur veut faire en sorte que son prospect achète le produit proposé en pensant que ses arguments devraient suffire à le convaincre : « Il est bon, pas cher…etc » alors que l’autre dit ou pense : « Encore de la camelote ! » Le jeu du « Mais si…mais non » que nos enfants connaissent dès le plus jeune âge ne mène à rien. Sauf dans les rares cas, où un des partenaires ne connaissant rien au sujet, n’ayant aucun avis, et, disons-le, s’en fichant éperdument, donne raison  à son interlocuteur.

Si le terrain est vierge de tout engrais et de toute graine, alors seulement dans ce cas, tout peut y pousser.

Mais ce cas, fort rare recèle un mystère. Quand deux personnes philosophent sur un sujet donné, et que l’un d’entre eux n’en a aucune idée, donc pas d’opinion, pas de croyance pour guider ses propos, on s’aperçoit que finalement, il est quand même capable  d’en parler et de donner son avis !

Il faudra se pencher sur ce phénomène qui pourrait inspirer les manipulateurs, avides de semer des idées allant dans leur sens, là où le cerveau de l’autre est encore vide.

Alors que faire pour obtenir d’un autre, quelque chose qu’il ne veut pas spontanément nous donner ? Comment amener les autres à faire spontanément et de leur propre volonté ce que nous souhaitons qu’ils fassent ?

Et bien, nous n’allons pas vous donner tout ce que nous avons découvert ! Je me contenterai des grands principes à observer si vous voulez qu’une personne fasse ou dise ce que vous souhaitez.

Maintenant vous savez ce qu’il ne faut pas faire : insister avec des arguments rationnels. Ça peut marcher mais c’est rare ! Bien sûr si votre désir est que votre voisine de table vous passe le sel, pas besoin de méthode : vous le lui demandez. Si vous voulez que votre ami, ou votre collaborateur, vous aide à écrire un projet, idem et s’il renâcle un peu, il suffit de lui montrer que c’est dans son intérêt, et cela suffit pour le décider. C’est de l’argumentation simple et efficace. Vous pouvez aussi, si votre statut vous l’autorise, exiger, commander à l’autre, il fera ce que vous demandez, mais souvent à  contrecœur, donc attention au retour de bâton. Et si rien de tout cela marche ?

Et bien il faut tenter d’amener l’autre à vouloir de lui-même faire ce que vous n’allez pas lui demander. C’est ça Polemios !

Voici les grands principes que vous allez suivre et dans quel ordre.

D’abord une règle fondamentale :

Ne jamais donner tort à quelqu’un que vous voulez influencer !

  1. Chercher chez à découvrir comment l’autre fonctionne, ses opinions et croyances, ses façons de réagir aux situations… donc le faire parler avec des techniques d’entretien non directives,
  2. Analyser ce qu’il vous a dit avec les critères de l’Analyse Relationnelle et déterminer la stratégie que vous allez mener avec cette personne,
  3. Agir, en argumentant mais pas avec VOS arguments mais avec les SIENS que maintenant vous connaissez. Si vous argumentez en partant des propres idées de votre interlocuteur, en utilisant son propre langage, il vous verra comme un collègue, baissera toute défense, et ne verra plus ce que vous lui dites comme une demande à faire quelque chose, mais comme l’évidence même après un échange amical.

Attention : un certain nombre de gens, après avoir lu le dernier paragraphe va penser : mais c’est de la manipulation. Pour l’instant contentons-nous de comparer cette méthode avec celle généralement pratiquée, quand un prospect ne veut pas acheter et qu’on lui dit qu’il a tort, car le produit est bon, meilleur que tous les autres, qu’il rend les dents plus blanches que blanches… n’est-ce-pas un mensonge et une manipulation pire, car là, en plus, on se moque du client ?

Pierre RAYNAUD
Author: Pierre RAYNAUD

Ancien manager et créateur des fichiers de la Nouvelle Culture

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