« Quand une théorie scientifique est finalement déclarée valable par décision politique et justifie dès lors la contrainte générale exercée par la raison d’Etat, tombe le rideau de fer de l’obscurantisme »
Je viens de relire pour la 4ème fois un ouvrage de Paul Watzlawick de l’Ecole de Palo Alto : Les cheveux du baron de Münchhausen, et dans le chapitre : « Avec quoi construit-on des réalités idéologiques », je tombe sur cette phrase (page 221) sur laquelle je vais rebondir. Je n’avais pas lu ce livre depuis 1998, et c’est instructif de voir à quel point on oublie beaucoup de réflexions importantes en ne relisant pas régulièrement des livres aussi intenses.
On ne le sait pas assez mais une grande partie des ouvrages de cette ‘Ecole’ est consacrée à ce qu’on appelle maintenant le constructivisme, c’est-à-dire, pour faire court à l’idée que ce que nous appelons la Réalité, n’est tout au plus que Notre réalité, construite par notre expérience, nos relations et nos façons de les comprendre, et de les traiter. La Réalité (avec un ‘R) ne peut être appréhendée d’aucune façon, et si nous le tentions de la faire, nous ne parlerions que de notre vision, et de rien venant de l’extérieur. Nous inventons tous notre réalité et ensuite nous la voyons comme un élément à notre esprit. Et pourtant les anciens sages de l’Asie antique, avaient déjà connaissance de cela quand ils affirmaient qu’un arbre qui tombe là où personne ne peut l’entendre, ne fait aucun bruit. Car, un bruit suppose une oreille pour l’entendre. L’arbre fait donc du bruit en tombant si nous sommes à proximité de lui. La difficulté que nous avons à comprendre cela du premier coup montre bien à quel point nous sommes incapables de sortir de nos abstractions avec lesquelles nous vivons, sans nous en rendre compte. D’autres chercheurs ont testé la compréhension de cette phrase auprès des gens, et le résultat le plus intéressant fut que, seuls les petits enfants, comprenaient souvent du premier coup.
Ce qui rejoint une idée de Kant que j’ai souvent reprise : tous les enfants naissent intelligents mais hélas, l’école et l’éducation des parents, les rendent vite aussi stupides qu’eux (c’est un à peu près ça).
Dans tous nos cours, nous revenons sur ces sujets que nous avons regroupés sous le terme de Pensée magique. Penser avec des abstractions qui n’ont pas de réalité externe, prétendre pouvoir résoudre des problèmes relationnels avec des concepts, alors que ces problèmes sont à un niveau différent, plus concrets, est en fait une escroquerie. Elle est pardonnable dans la mesure où, tous les coachs qui font ça, ne savent pas qu’ils le font, et croient dur comme fer, à la capacité de ‘soigner’ une personne perturbée par des concepts.
Je ne veux pas revenir sur les points développés dans mon, dernier e-book : « Et pendant ce temps-là, le virus s’amuse » (*), dont j’ai provisoirement renoncé de faire la promotion, mais nous avons là un exemple fantastique de création pure d’une réalité fantasmée. A l’aide de cette outil merveilleux : la peur, ils ont réussi à faire de cette affaire, au demeurant banale dans la mesure où le virus fait moins de morts que plein d‘autres maladies du siècle qui pourtant laissent indifférents la plupart des gens. A tel point qu’il y a à ce jour 15 mois que le monde est coupé en deux : ceux qui suivent l’idéologie officielle, aveuglés par les fausses informations prodiguées en excès, au quotidien, matraquées par les médias, journaux et télé, et ceux qui n’ont jamais quitté de l’œil les chiffres de la réalité qui est tout autre. Mais ceux-là gênent, car ils montrent aux gouvernants, politiques, et soi-disant scientifiques, le bouton qu’ils ont sur le nez, et la crasse qu’ils ont dans les neurones.
Deux citations du même ouvrage pour illustrer nos propos :
« Quand l’idéologie exaltée échoue à réaliser les buts qu’elle s’était fixés, il est toujours possible d’accuser d’obscures puissances pour expliquer cet échec » (id, page 208)
« Croire en une idéologie peut avoir des conséquences psychologiques et intellectuelles d’une inhumanité démoniaque à côté desquelles les actes d’un criminel endurci paraissent seulement d’une regrettable impertinence » (id, page 209)
Par ailleurs on peut se demander si le tyran est fondamentalement bête ou criminel, ou les deux :
« Par définition, le délire paranoïaque se fonde sur une affirmation fondamentale tenue pour absolument vraie » (id, page 205)
En fait il n’est rien de plus facile que de créer un ensemble de concepts, opinions et croyances, faisant naitre ainsi une nouvelle idéologie. Il suffit d’avoir les moyens financiers, donc médiatiques, à sa main, pour distiller, soigneusement, avec la complicité de tous ceux qui ont quelque chose à perdre en désobéissant. Ensuite, une fois que nous avons affaibli les défenses intellectuelles immunitaires des gens, leur sens commun, leur bon sens, une fois qu’ils sont éloignés de toute une série d’idées dangereuses et qu’ils ont décollé du terrain, et que le bon sens a quitté leur esprit, il devient facile pour les dominants, de changer leur cerveau pensant, en le remplissant de leurs propres idées. Ensuite leurs commandements, décrets et punitions diverses sont reçues avec joie par le peuple aveuglé qui en redemande.
Tout ça est vieux comme le monde, et le restera encore bien longtemps, peut-être toujours ; jusqu’à la fin de notre civilisation qui, par bonheur, est proche, et je terminerai avec Orwell qui expliquait en 1949, dans 1984, en quelques mots, la nature des opérations de manipulation des foules :
« Nous captons (votre) âme, nous lui donnons une autre forme », (1984, page 306)
Pour éviter cette douloureuse fin, faisons comme le chantait une foule d’espagnols à Valence, lors d’une manifestation à laquelle de nombreux policiers s’étaient joints : « Eteignez la télé et ouvrez vos esprits ».
(*) « Et, pendant ce temps-là le virus s’amuse », e-book de 2020, dans https://analyserelationnelle.com/editions/ (8 €)
Lire aussi au Seuil : “L’invention de la réalité“, collectif organisé par Watzlawick
