5. Apprendre le détachement

Méditation
La dissociation est une technique mentale que nous pratiquons tous naturellement, quand nous participons par exemple à une conversation qui ne nous intéresse pas du tout. Nous répondons en quelque sorte machinalement aux questions qui nous sont posées, en rêvant d’être ailleurs où il fait meilleur vivre. Dans ce cas, la dissociation est un moyen de s’échapper, mais ça n’est pas une technique utile.
Nous demandons à nos élèves en Analyse Relationnelle de pratiquer la dissociation, au contraire, dans les relations intenses, mouvementées, celles-là mêmes qui leur posent problème.
De quoi s’agit-il ? Je suis associé quand je me vois physiquement dans la relation, et je suis dissocié quand je me vois en dehors. Tout le monde sait bien qu’il est plus facile d’observer les autres que de s’observer soi-même, on appelle cela dans la vie courante « prendre du recul ». On ne voit pas la montagne lorsque l’on est à son sommet.
La dissociation pourrait se définir comme une schizophrénie expérimentale et volontaire ; c’est mettre une distance mentale entre soi-même et soi-même. J’ai un rendez-vous qui promet d’être difficile avec mon patron. Je rentre dans son bureau avec mon double, qui va s’asseoir sur la chaise là-bas. Et j’observe, j’analyse, je contrôle, je manœuvre la réunion, à partir de mon double. C’est lui qui me conseille : de pratiquer le silence, de ne pas généraliser, de ne pas me mettre en colère…
Quand je suis dissocié je me vois en train d’agir ; au balcon, j’observe mon double sur la scène. Cette pratique augmente rapidement mes capacités à rester calme en toutes circonstances et je me sens moins concerné par ce qui se passe.
La Méthode de la Nouvelle Culture, possède un outil plus intellectuel, au nom quelque peu provocateur, pour aider ses pratiquants à se dissocier et à abaisser leur taux d’émotivité dans leurs relations : le principe de non sincérité. Sous ce nom fort se cache un fabuleux outil permettant de diminuer progressivement en nous l’importance du Moi, de cet ego toujours envahissant. Le principe de non sincérité nous enseigne à ne pas être concernés par ce qui nous arrive. Nous ne sommes pas concernés, ni par ce que nous disons et faisons, ni par ce que l’autre nous dit et nous fait.
Par exemple, quand mon ami Eric m’agresse, je ne pense plus à l’effet en moi de ses paroles, mais à comprendre d’où lui vient cette hargne envers moi. Je pense à lui. Toute manifestation venant de l’autre est une belle occasion d’en apprendre un peu plus sur lui. Ainsi grâce au principe de non-sincérité je peux dire à l’autre : quand tu parles de moi, tu parles de toi.
La dissociation ou le principe de non sincérité ne sont que des outils externes ; je peux les pratiquer par tactique, ou stratégie et continuer à me sentir nerveux et concerné. Mais, à force de pratiquer le calme, on finit par le ressentir.
Comme le dit Pascal : pour croire, il faut d’abord se mettre à genoux. En bout de course, après quelques mois, ou années d’exercices, nous en arrivons au but : le détachement, c’est-à-dire au sentiment intérieur très fort, la paix de celui qui n’est pas concerné.

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